Depuis plus de 25 ans, Guillaume Leboucher, conjugue passion entrepreneuriale, innovation technologique et engagement dans l’enseignement catholique. Fondateur et dirigeant de plusieurs entreprises dans les domaines du numérique et de l’intelligence artificielle, ce multi-entrepreneur de 52 ans a fait de la transformation technologique son moteur d’action et s’intéresse particulièrement aux impacts des technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle et le machine learning.
En 2017, Guillaume crée la “Fondation l’IA pour l’École”, fruit d’une réflexion sur le rôle de la technologie dans l’apprentissage et la transmission des savoirs. Cette initiative, qui associe innovation éducative et questionnements éthiques, reflète sa volonté d’intégrer la technologie dans une perspective altruiste et inclusive. Il en résume la mission en deux grands axes : apprendre à apprendre et cultiver l’esprit critique face à un monde en perpétuelle évolution.
Après avoir revendu sa société, OpenValue, au Groupe La Poste, Guillaume consacre aujourd’hui son énergie entrepreneuriale à des projets porteurs de sens, toujours tournés vers l’avenir. Il incarne un état d’esprit entrepreneurial capable de naviguer dans l’incertitude et la complexité tout en contribuant à construire un monde plus inclusif.
A la genèse de l’Institut Vaugirard Humanités et Management et alumni du parcours dirigeants « Diriger et faire face à la complexité et à l’incertitude » en 2019 et 2021, Guillaume nous partage son expérience et sa vision d’un monde où technologie et humanités s’entrelacent pour répondre aux défis contemporains.
Il nous a fait le plaisir d’une interview à une nouvelle étape de son parcours entrepreneurial.
Vous revendiquez le fait que l’IA doit être un levier d’Inclusion et d’Altruisme. Quels sont, selon vous, les garde-fous éthiques indispensables pour éviter que l’IA ne devienne un outil d’exclusion ?
Pour moi, l’inclusion et l’altruisme doivent être la finalité de l’intelligence artificielle.
Elle offre une capacité unique à transcender les différences, comme le démontre l’informatique depuis des décennies : des profils variés – autodidactes, diplômés de grandes écoles, individus de toutes origines ou confessions – collaborent sans que leurs différences ne soient un obstacle. L’IA doit prolonger cette dynamique, en favorisant la diversité et en s’assurant qu’aucune barrière sociale, culturelle ou économique ne soit renforcée.
L’IA est un outil systémique capable de répondre à des enjeux majeurs comme la transition écologique ou la gestion des ressources mondiales. Par exemple, elle peut détecter des incendies avant qu’ils ne deviennent incontrôlables, prédire des épidémies avec plusieurs mois d’avance, ou encore optimiser l’utilisation de l’eau pour nourrir une population mondiale en constante augmentation. Je pense que c’est grâce à l’IA que l’on va gagner les batailles du monde d’aujourd’hui et de demain.
Mais la technologie ne peut être unilatérale : elle doit réduire les déséquilibres et permettre une altérité mondiale où chacun pourrait partir sur la même ligne. C’est là-dessus que l’IA doit travailler, pour réduire cette symétrie des attentions et ne pas aliéner, comme le font parfois les réseaux sociaux, mais au contraire favoriser une interaction plus équitable entre les individus et les systèmes.
Prendre du recul, poser les bonnes questions, et comprendre ce que l’IA transmet au monde et à nos sociétés sont des étapes incontournables pour éviter qu’elle ne devienne un outil d’exclusion.
Quels sont vos objectifs avec la Fondation l’IA pour l’école et de quelle manière aborde-t-elle cet enjeu majeur de l’éducation à l’IA ?
La Fondation « L’IA pour l’école » a pour objectif principal d’explorer comment l’intelligence artificielle peut devenir un outil au service de l’éducation et de la transmission des savoirs, quel que soit l’âge des apprenants.
La Fondation s’appuie sur trois piliers : un collège scientifique qui rassemble des experts, des actions de sensibilisation auprès des établissements pour expliquer les principes et les opportunités de l’IA, et des expérimentations concrètes visant à créer des outils pédagogiques innovants et adaptés au Monde qui se dessine devant nous.
Il insiste sur la nécessité d’apprendre à discerner et à comprendre les implications éthiques et pratiques des technologies numériques, notamment en développant un esprit critique face à des algorithmes qui influencent de manière croissante nos vies, comme ceux de TikTok avec les jeunes générations.
À travers des projets éducatifs novateurs, la Fondation cherche à accompagner les jeunes dans leur appropriation responsable de ces technologies.
L’objectif ultime est de permettre aux nouvelles générations non seulement d’utiliser ces outils de manière éclairée, mais aussi de devenir des acteurs capables de naviguer et d’évoluer dans un monde de plus en plus marqué par l’omniprésence de l’IA.
Cette approche combine pédagogie, expérimentation et réflexion éthique pour répondre aux défis éducatifs majeurs posés par la révolution technologique.
Vous évoquez régulièrement “la parallélisation des Mondes” : Qu’entendez-vous par là, et comment cette notion influence-t-elle votre vision de l’avenir, tant sur le plan entrepreneurial que sociétal ?
La notion de « parallélisation des Mondes » reflète les fractures et transformations profondes qui redéfinissent notre époque. Les technologies, en particulier l’intelligence artificielle, créent simultanément de nouvelles opportunités tout en excluant certaines populations.
Ces « mondes parallèles » émergent entre les générations, les métiers, et les sociétés, pouvant amener des inégalités entre ceux qui s’adaptent aux changements technologiques et ceux qui en sont laissés pour compte.
Sur le plan entrepreneurial, cela m’amène à réfléchir à la manière dont les technologies peuvent transformer les entreprises et le Monde et la façon dont je peux y contribuer par mes projets et les modèles économiques associés.
Les jeunes générations, grâce à leur maîtrise des outils numériques et de l’IA, jouent un rôle prépondérant dans cette transition. Pourtant, ces évolutions excluent parfois ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’adapter, indépendamment de leur âge.
D’un point de vue sociétal, la parallélisation des Mondes soulève des questions éthiques et politiques majeures. Les technologies permettent des progrès considérables, mais elles renforcent aussi des inégalités, notamment en créant des asymétries d’accès à l’information ou aux opportunités d’emploi.
En tant qu’entrepreneurs, dirigeants, managers, nous devons apprendre à réfléchir et mobiliser notre esprit critique pour naviguer dans ces ruptures tout en cherchant à bâtir des ponts entre les mondes, en misant sur l’apprentissage et l’inclusion.
En somme, cette notion influence ma vision en me poussant à agir pour que l’innovation technologique profite à tous, tout en réfléchissant aux conséquences sociétales des transformations en cours et en anticipant leurs impacts pour bâtir un avenir plus équitable.
Quelles sont les qualités fondamentales d’un dirigeant pour rester pertinent dans un environnement où les ruptures technologiques redéfinissent sans cesse les contours des entreprises et des métiers ? En quoi votre participation au parcours “Faire face à la complexité et à l’incertitude” de l’IVHM a t il influencé votre vision ?
Être dirigeant en 2025, c’est vivre dans un Monde déjà révolu avec un futur incertain.
On sait que 30 à 40 % des métiers de 2030 n’existent pas encore. Tout change et tout s’accélère, on ne peut pas rester sans rien faire, sans s’adapter, et camper sur des positions d’un autre temps.
Selon moi, c’est cette agilité, ce “apprendre à apprendre” qu’il convient de mettre en avant dans les entreprises : rester en questionnement permanent, acquérir de nouvelles compétences, réfléchir aux enjeux globaux, au-delà des préoccupations opérationnelles quotidiennes, pour appréhender les grandes transformations du monde avec lucidité et éthique.
Ma participation au parcours “Faire face à la complexité et à l’incertitude” de l’IVHM a profondément transformé ma manière de penser et d’agir dans un contexte entrepreneurial marqué par l’incertitude où il est facile de se perdre entre les exigences des clients, des collaborateurs, des investisseurs, etc..
Ce programme a joué un rôle crucial dans l’élargissement de ma vision stratégique, me permettant de passer de la gestion immédiate à une réflexion approfondie sur les transformations du monde et sur ma propre responsabilité, en tant que dirigeant, dans cette dynamique.
Entre modernité technologique et conservatisme, Guillaume a choisi : ce qui l’intéresse c’est de réfléchir et agir pour le monde qui vient.