Dans un contexte où la recherche constante de contrôle et de prévision tend à s’imposer comme norme, cette table ronde du 29 avril à l’Institut Catholique de Paris a exploré une voie alternative : celle de la navigation en incertitude, un thème profondément contemporain qui nous concerne tous, dirigeants, managers et collaborateurs.

Le mot naviguer n’a pas été choisi au hasard. Il ne s’agit plus seulement de piloter, de maîtriser, mais d’accepter de composer avec l’imprévisible, à la manière du marin ou du naturaliste face aux éléments.

Cela suppose une posture différente : une présence à soi et au monde, une attention fine, une écoute élargie, où le corps n’est plus un simple exécutant, mais un capteur essentiel du réel.

Animée par Stéphanie Scouppe, Directrice de l’éthique et des données personnelles du Groupe ADP et Présidente du Cercle d’éthique des Affaires, la discussion a réuni trois regards singuliers et complémentaires :

Christopher PRATT , navigateur de courses au large et dirigeant de MARSAIL, a montré comment la performance se construit dans la répétition, la préparation, mais aussi dans la capacité à lâcher prise. L’intuition ne relève pas du hasard, elle naît d’une familiarité corporelle et mentale avec les situations, fruit d’une pratique assidue, d’une sensibilité aux signaux faibles.

Jérôme Gasquet, dirigeant et cofondateur de l’IVHM, a partagé sa conviction que l’incertitude est d’abord une source de surprise et de potentiel, à condition d’observer, d’écouter l’ensemble de l’écosystème d’une organisation. Là encore, c’est le corps qui apprend à ne pas réagir trop vite, à ralentir pour capter ce qui se dit au-delà des mots.

Marc Grassin, philosophe et chercheur à l’ICP, a profondément ancré cette réflexion dans l’expérience : pour lui, l’incertitude n’est pas un concept abstrait mais une réalité sensible. Il en témoigne à travers sa pratique de l’affût naturaliste en forêt, où l’on doit désapprendre le contrôle, suspendre le mouvement, affiner les sens.

Quelques points clés

▪️ L’incertitude n’est pas une faiblesse à fuir, mais une condition à apprivoiser, un terrain fertile pour la créativité, l’apprentissage et la performance durable.

▪️La performance ne se réduit pas au résultat. Elle émerge d’un alignement subtil entre l’expérience, la sensibilité, la présence et le collectif.

▪️À une époque où l’on valorise la rapidité, les modèles prédictifs et les résultats quantifiables, il devient urgent de redonner toute sa place à l’intelligence du vivant : celle qui passe par le corps, par la relation, par la lenteur parfois et par l’alignement entre attention, pensée et action.

Merci aux intervenants et aux participants pour la profondeur des échanges.

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