Stéphanie Scouppe

Directrice de l’Éthique et des données personnelles du Groupe ADP et Présidente du Cercle d’Éthique des Affaires

Avec un parcours qui mêle sciences, lettres et engagement éthique, Stéphanie Scouppe incarne une approche humaniste et inspirante du management. Animée par la quête de sens et l’impact positif, elle nous partage son cheminement personnel et professionnel, marqué par une volonté constante de relier réflexion et action.

Quand vous étiez petite, vous vouliez être “médecin de la planète”, qu’entendez-vous par là ?

 

Depuis toujours, je suis guidée par une double aspiration : comprendre le monde dans sa complexité et agir pour y laisser une empreinte positive. Initialement attirée par la médecine – avec l’envie d’être médecin pour enfants ou médecin sans frontières –, je me suis finalement tournée vers les lettres modernes entre deux années d’études de médecine.

 

“J’ai toujours été fascinée par le lien entre sciences et humanités : d’un côté, une approche rationnelle du monde, de l’autre, la profondeur des mots et des idées. “

Cette quête d’équilibre entre réflexion et action m’a conduit vers des études en sciences de l’environnement, où j’ai trouvé ma vocation. J’aime à dire que je suis devenue “médecin de la planète» à défaut d’avoir réussi médecine.

 

J’ai donc commencé ma carrière dans le conseil en développement durable, où j’ai accompagné les entreprises dans leurs stratégies environnementales, sociales et sociétales.

 

« Ce qui me passionne, c’est cette idée d’empreinte : quelle trace laissons-nous dans le monde à travers nos actions ? »

Mon parcours est également jalonné de rencontres déterminantes : je n’ai jamais cherché un emploi, les opportunités sont toujours nées de connexions humaines.

 

Après sept années dans le conseil, j’ai rejoint le Groupe La Poste puis le Groupe ADP (Aéroports de Paris), où j’occupe aujourd’hui la fonction de Directrice de l’éthique et des données personnelles. Je préside également le Cercle éthique des Affaires, une association de professionnels de l’éthique et la compliance.

 

Qu’est-ce qui vous anime dans ces rôles ?

 

L’éthique est une pratique vivante qui interroge nos comportements individuels et collectifs : c’est questionner sa pratique au quotidien, balayer les angles morts et accepter qu’il existe des zones d’ombre dans lesquelles des réflexions critiques sont nécessaires pour naviguer avec justesse dans un monde complexe et incertain.

 

“Il est essentiel de ne pas rester aveugle ou autocentré, mais d’interroger les certitudes pour mieux comprendre les situations complexes”

On ne sait jamais comment une situation ou une interaction va évoluer. J’ai appris à accepter que les relations peuvent frotter ou créer de l’instabilité, mais cela fait partie du cheminement humain et de sa richesse. Ce qui m’anime, c’est cette capacité à persévérer malgré les inconforts et à cultiver des relations solides.

 

Vous avez suivi le parcours FACI en 2020. En quoi cette expérience a-t-elle enrichi votre approche managériale ?

 

Ce parcours m’a permis d’accepter que l’incertitude fait partie intégrante de nos vies professionnelles comme personnelles et m’a donné des outils pour naviguer dans un monde où tout peut changer à tout moment.

 

Un exemple marquant fut la gestion de la crise du COVID-19 chez ADP : tout s’était arrêté, les avions étaient cloués au sol, de nombreux collaborateurs étaient en activité partielle alors que nous pouvions nous projeter sur une croissance certaine. Dans ce chaos, je me suis fixé un objectif simple mais essentiel : traverser cette période sans perdre personne sur le chemin, notamment au sein de mon équipe.

 

Nous avons mis en place des “points de résilience” pour maintenir le lien entre les équipes, comme partager nos lectures, nos recettes de cuisine… ou rêver ensemble à des lieux où nous aimerions être, alors même que nous étions contraints au confinement.

 

« Ce dont on se souvient toujours, ce n’est pas tant les dossiers qu’on a traités que la manière dont on a interagi avec les autres. »

Le programme FACI a renforcé ma conviction que l’incertitude est une source d’opportunités, de liens, que c’est aussi dans ces moments que germe, que se révèle la grandeur humaine, que s’ouvre le champ des possibles.

 

Vous évoquez la notion d’empreinte positive. Quelle est votre vision sur ce sujet ?

 

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Cette phrase de Gandhi m’accompagne depuis longtemps et résume bien ma philosophie professionnelle et personnelle.

 

Que ce soit en tant qu’individu ou entreprise, nous laissons tous une empreinte dans le monde. Il est crucial que les entreprises intègrent cette conscience car le business est avant tout une aventure d’hommes et de femmes, il laisse toujours une empreinte sociale ou environnementale. 

 

Cette réflexion implique de mettre du sens dans l’action mais aussi d’accepter les incertitudes qui jalonnent ce cheminement. Je m’efforce de poser une empreinte positive, que ce soit en accompagnant les professionnels de l’éthique et de la compliance avec le Cercle éthique des affaires, ou en cultivant des relations humaines de qualité avec mes équipes, mes proches. Il s’agit de relier le sens et l’action pour contribuer à un impact positif durable.

 

La question est donc : quelle empreinte voulons-nous laisser individuellement et collectivement ? 

 

À travers ses réflexions sur l’éthique et l’empreinte que nous laissons dans le monde, Stéphanie nous invite à interroger nos pratiques, à accepter les zones d’ombre et à naviguer avec discernement dans un environnement complexe.