Simple ! Basique !

J’ai récemment commencé une intervention lors de la 61 ème convention AMARC sur le management de la réclamation client en diffusant le début d’une chanson d’Orelsan intitulé “Basique”.

« Il faut qu’on revoit les bases. Je vais vous dire des choses simples. Parce que vous êtes trop C… Simple, basique. »

Il faut revenir au simple, au basique. A l’élémentaire. Et l’élémentaire en management, c’est l’humain. Rien de plus simple. Pas besoin d’être philosophe ou expert en management. Pas besoin de grandes théories managériales pour savoir ce qui convient aux hommes et aux femmes avec qui nous collaborons et ce qui est convenable. Il en est de même pour nous. Il suffit d’être humain.

Basique, simple ! Il suffit de revenir à notre condition d’hommes et de femmes. Pas besoin de grands concepts pour savoir ce qui apaise et permet de se dire à la fin de la journée que ce que nous avons fait avait un petit goût d’humanité et une vraie valeur ajoutée.

Simple ! Basique ! Basique ! Simple !

Mais c’est souvent le plus simple et le plus évident que nous peinons le plus à vivre, rattrapés par une réalité qui nous somme à la performance.

Parce que nous sommes tout simplement des hommes et des femmes, nous savons ce qui maltraite ou ce qui fait du bien aux humains. Et ce qui fait du bien aux autres nous fait du bien en retour. Les collaborateurs savent quand ils ne sont pas bien traités, et ils nous le rendent bien. Les équipes savent à l’inverse quand elles sont bien traitées et là encore elles nous le rendent bien. Il n’y a pas de mystère, c’est simple et basique. Nous recevons ce que nous donnons. Et réciproquement. L’élémentaire de la relation humaine et sociale en donnant-donnant.

Le rôle de manager n’est pas facile parce qu’il est comme le dit Maurice Thévenet « l’homme ou la femme du milieu ». Il est pris en étau entre le marteau et l’enclume, entre le stratégique et l’opérationnel, entre la direction et le terrain, entre le chiffre et la vie, entre lui-même et les autres. Le manager n’a pas la vie facile. Il relaie les injonctions, les objectifs, il crée des tensions et doit les gérer et les amortir pour que tout se passe bien. Drôle de métier.

Et pourtant l’humain, c’est du simple et du basique. L’humain attend :

– qu’il puisse parler et être écouté, SIMPLE !

–  qu’il puisse être considéré et reconnu comme quelqu’un qui compte et qui fait bien, BASIQUE !

–  qu’il puisse avoir des marges de manœuvre et une liberté, SIMPLE !

–  qu’on lui fasse confiance pour avoir confiance, BASIQUE !

Nous savons tous cela et avons tous besoin de cela. C’est simple et basique.

Quatre grandes attentes qui font du bien et qui installent un climat relationnel qui ouvre le coopératif. A ces quatre évidences, il faut ajouter celle du besoin de sécurité où l’on n’a peur ni de l’autre, ni de faire et qu’il n’y a pas sans cesse à prouver qui l’on est et ce que l’on fait.

Tout cela est si évident, si simple, si basique. Manager ne réclame ni méthode, ni recette. Manager réclame juste du style, de la classe, de l’élégance, celles d’une humanité qui ose la relation et fait le pari de l’autre. Le management est une affaire de climat et de style. Simple et basique. Nous savons tous que ce que nous gardons en tête des vécus managériaux de nos chefs, c’est leur manière d’être et leur manière de faire, bref la manière dont ils se sont comportés avec nous particulièrement lorsque nous avons éprouvé des difficultés.

Que disent nos collaborateurs de notre style, de notre classe ? Quels narratifs font-ils des relations que nous établissons avec eux ? Quels souvenirs garderont-ils de nos collaborations ? Le malaise des managers aujourd’hui est réel au point qu’il est parfois difficile de trouver des hommes et des femmes pour faire le job. Peut-être faut-il lever le malentendu sur la fonction du manager pour se donner une chance de « réenchanter » le rôle ? :

–  Le manager n’est pas un chef mais un membre à part entière de l’équipe.

–  Il n’est pas au-dessus mais avec.

–  Son rôle n’est pas de décider mais de créer les conditions pour que chacun puisse faire de son mieux, progresser et coopérer.

–  Son rôle n’est pas de diriger mais d’accompagner.

–  Son objet n’est pas la performance mais la relation.

Alors en retour, il pourra peut-être être reconnu dans son rôle, être apprécié et vivre plus sereinement les multiples difficultés, conflits, émotions qu’il a à gérer au quotidien.

Le manager est un activateur de la performance dans la mesure où il humanise au quotidien le travail. La performance nécessite une rigueur et une efficacité technique, organisationnelle, mais celle-ci ne fonctionne qu’à l’aune des humains qui la rendent possible. Simple, Basique. La performance est relationnelle. Pour une bonne part. Une relation dégradée est une performance dégradée.

Le manager doit oser et ne pas craindre la relation. C’est son meilleur allié pour réussir et vivre heureux. Mais il lui faut pour cela changer de regard sur son milieu, ses équipes et son rôle. Replacer vraiment l’humain au coeur de l’entreprise pour reprendre le titre d’un ouvrage publié avec Benoît Meyronin et Christophe Benavent sur le Care nécessite d’arrêter de croire que l’essentiel est « d’agir sur » alors qu’il est « d’agir avec ». Et pour agir avec, il faut travailler. sur soi pour apprendre à accueillir, à recevoir, à. ressentir, à écouter, à observer. C’est un tout autre chemin que celui de l’apprentissage par les théories. Si le management est une simple affaire humaine, c’est aussi renouer avec la simplicité et au basique que ce qui compte est que chacun puisse à la fin de sa journée, managers et collaborateurs, se dire que ce qui a été fait et vécu ensemble donne envie d’y retourner le lendemain.

Simple ! Basique !

Marc Grassin
Directeur et co-fondateur de l’Institut Vaugirard Humanités et Management.

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