La pression et l’accélération mettent à mal notre capacité à voir et entendre ce qui se déroule sous nos yeux.

Pris dans les urgences, et l’opérationnel, nous finissons par accroitre nos angles morts.

Plus nous allons vite, plus l’angle mort augmente et plus nous perdons la capacité à comprendre, interpréter et partager les analyses.

Ralentir est essentiel pour ne pas perdre le contact avec ce qui est vécu. Il y a de nombreuses manières pour ralentir. Ralentir pour reposer le corps et l’esprit et se redonner une chance de voir autrement.

Notre tradition de pensée à valoriser à l’excès la vue comme premier sens de l’intelligence. La theoria est une intelligence de la contemplation. Mais nous ne voyons rien, si nous n’écoutons pas. Nous avons perdu cette vérité première que Platon avait mis en forme à travers la raison comme dialogue où le sens premier est d’écouter. Pour écouter, il faut taire le bruit et pour cela ralentir. Alors nous pourrons voir et penser ce qui se déroule sous yeux.

Dans ce contexte, la pratique du ralentissement nous invite à revisiter notre rapport au temps et à l’action dans le cadre professionnel. Adopter une posture de décélération délibérée permet de créer un espace propice à l’écoute active, non seulement de notre environnement mais également de nous-mêmes. C’est en ralentissant que nous pouvons véritablement accorder de l’attention aux détails subtils et aux dynamiques souvent négligées dans la frénésie quotidienne. Ce processus de ralentissement devient ainsi une démarche de réharmonisation avec notre essence de leaders, où l’intuition et la réflexion prennent le pas sur la réaction et l’impulsivité. En cultivant un espace de calme et de concentration, nous redécouvrons la richesse de la pensée contemplative qui nourrit notre leadership.

L’application de cette philosophie au leadership transforme profondément notre manière d’interagir avec nos équipes et notre environnement de travail. En tant que leaders, adopter une approche qui privilégie l’écoute et la contemplation nous permet de reconnaître la valeur intrinsèque de chaque membre de notre équipe et de stimuler une dynamique de groupe plus cohésive et respectueuse. Cela favorise également une meilleure prise de décision, enracinée dans une compréhension plus profonde des enjeux et des perspectives diverses. L’écoute devient un outil puissant pour détecter les signaux faibles, anticiper les changements et naviguer avec agilité dans un monde en constante évolution. En somme, ralentir enrichit notre leadership d’une dimension philosophique et expérientielle, où la sagesse et l’humilité guident notre action et notre influence.

Marc Grassin
Directeur et co-fondateur de l’Institut Vaugirard Humanités et Management.

One thought on “Ralentir pour voir : La puissance de l’écoute et de la contemplation dans le Leadership

  1. Merci pour ce contre-point nécessaire dans l’océan tourmenté que nous traversons – une mise en question salutaire du leadership.

    La proposition inverse, « voir pour ralentir » semble également signifiante. Mon expérience de la méditation m’a montré que l’observation, la contemplation, l’écoute agissent effectivement sur la perception du temps et sa granularité. Si « ralentir est essentiel pour ne pas perdre le contact avec ce qui est vécu », le contact même avec ce qui se vit permet de ralentir, dans un cercle vertueux. Observez votre marche… elle ralentira.
    Pour être active, notre écoute à besoin de silence. Le silence, comme ralentissement du bruit. Ainsi, écouter attentivement ce qui bruisse en nous, permet de percevoir le silence et, peut-être, d’entendre l’Autre. L’Autre, comme ralentissement de nous-même.
    A quel point sommes-nous prêts, en tant que leader, à «faire silence », pour entendre l’autre ? That is the question.
    Merci.

Répondre à Jean-Daniel ROCHE Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *